Salut toi ! J'me présente, je m'appelle Henri, je voudrais bien réussir ma vie et du coup, je fais une étude sociologique sur les divers groupes qui peuplent cette bonne vieille Terre et, miracle, t'as croisé mon chemin ! T'as du temps à m'accorder ? Ouais ? Super !

Dis-moi, j'suis curieux, si tu m'en disais un peu plus sur toi ? Ton nom pour commencer, ce serait déjà bien ! Eshter Ashborne D'accord, d'accord...mais tu n'as pas un autre petit nom ? Tu sais de quoi je parle bien sûr *wink wink* Lilith Je me disais bien que je sentais un truc chez toi ! Hey, hey, dis-moi, t'es placé où dans la hiérarchie, du coup ? Ça m'intéresse ! Reine de l'Enfer, même s'il parait que ce n'est pas très officiel... Trop fort ! Tu connais peut-être mon pote, je pense qu'il fait partie de la même légion que toi...mais vous êtes peut-être pas du même âge en fait...d'ailleurs, t'as quel âge ? Tu aurais peur de connaître mon âge... Il est bien trop avancé. Et puis, ça ne se demande pas. Ah oui, tu le connais peut-être pas. Peut-être que vous êtes pas de la même souche ? T'es de quel type, toi, d'ailleurs, si c'est pas indiscret ? De souche humaine. Le premier démon, d'ailleurs Hm, ok. J'ai mon pote qui m'a parlé de bruits de couloir bizarres...tu sais, le Grand Combat Final ? Enfin, ce sont des rumeurs pour l'instant hein...Mais euh, si ça s'avérait vrai, tu pencherais de quel côté ? Juste pour savoir, tu sais... Pro-statut-quo

D'accord, d'accord, passons à un sujet plus léger alors...les démons ont une réputation sulfureuse et je me demande, par pur intérêt scientifique bien entendu...tu penches plutôt de quel côté, toi ? Bisexuelle. Je ne suis pas difficile Oh, intéressant. Et y'a quelqu'un dans ta vie, en ce moment ? Toujours intérêt scientifique, bien sûr Célibataire même si on peut dire que je suis très proche de Lucifer. Genre, très proche, tu vois?  D'accord, d'accord, arrêtons de parler de tes amours, j'ai compris, ça me regarde pas. M'en veux pas, j'aime bien être au fait des choses !

Parlons un peu de ta vie terrestre à présent, c'est quoi ton occupation ? Directrice d'agence photo et de mannequinat du nom d'Eden Model Agency. T'as compris? Eden pour l'autre cruche d'Eve. J'aime bien me moquer. Pas mal, pas mal. J'adore ton apparence terrestre, au fait, j'ai jamais eu beaucoup de chance avec l'administration, moi, j'ai toujours eu des vieux moches ou des trop jeunes. Toi, on dirait que t'as 35 ans et tu ressembles à Katie McGrath, c'est la classe quoi ! Allez, une petite dernière pour la route et je te laisse tranquille...Comment tu te décrirais, niveau caractère, tempérament ? Pour ceux qui nous lisent, tu comprends, moi je sais tout. Dès le début, j’ai défié Dieu et ses anges. Comment crois-tu que je suis ? Gentille, docile ? Certainement pas. Docile n’a jamais fait partie de mon vocabulaire. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, n’est-ce pas, Adam ? Non, j’ai toujours été déloyale et manipulatrice. Usant de divers stratagèmes pour arriver à mes fins. Là où la plupart des démons sont stupides et foncent dans le tas, j’évite toujours de me salir les mains et d’agir avec plus de discrétion et d’intelligence. J’aime également faire preuve de cynisme, me montrer supérieure aux gens. Après tout, je suis la première femme, j’ai bien le droit, non ?

Je suis également sans scrupule. Je n’hésite pas à utiliser les autres pour arriver à mes fins. Je n’ai aucune limite à ce niveau-là. Que ça soit sur n’importe quel plan, d’ailleurs ! Je n’ai jamais eu de limites. A quoi ça sert, d’ailleurs ? Une invention des anges pour garder les rangs à peu près corrects ? Peut-être. Cela m’a toujours valu la réussite dans ma vie et donc, je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin. J’aime que l’on sache que je n’aie peur de rien et que je fais tout pour arriver à mes fins. Et puis, je suis très proche de Lucifer. Alors… Quand un démon de souche angélique s’approche un peu trop de moi, se pensant supérieur, j’aime à le lui rappeler.


Et bien merci beaucoup, ça a été un plaisir de bavarder avec toi ! A une prochaine fois peut-être ?

« Ce n’est pas agréable pour l’homme de vivre seul. » Voici les mots de Dieu à Adam qui sont responsables de ma création. C’est comme cela que je suis née et que l’on me donna le nom de Lilith. Mon histoire n’est pas très connue du grand public. Et c’est bien triste ! En général, on ne retient que l’histoire d’Adam et Ève. Mais, mes agneaux, Adam n’était pas à son premier coup avec Ève ! Il y a eu moi, avant… D’ailleurs, il a dû certainement  le regretter, d’ailleurs. Enfin… Adam n’était qu’un véritable petit enfoiré. Il attendait de moi obéissance et servitude. Attendez… Vous savez de qui on parle ? De moi ! Obéissance et servitude ne faisaient pas partie de mon vocabulaire ! Pour moi, la femme devait être égale à l’homme (peut-être même supérieure, mais chut, c’est un secret). Et donc, l’histoire ne fut pas belle entre moi et Adam, m’opposant continuellement à lui, car je refusais de faire ce qu’il m’ordonnait. J’étais bien trop indépendante pour cela, je n’étais pas à l’imagine de cet homme que Dieu avait créé.

J’en avais plus qu’assez d’Adam, je décidai donc de prononcer le nom de Dieu en Hébreu. Un mot interdit et interdit pour une bonne raison, car cela me donna le pouvoir de quitter ce fichu jardin d’Éden. Une première victoire pour moi, pouvant enfin goûter à la liberté qu’était ce vaste monde que Dieu avait créé. Ce dernier, visiblement pas très heureux de me voir vadrouiller, chargea trois de ses anges de me ramener au Jardin d’Éden. Dieu avait chargé ses anges de délivrer un message comme quoi je devais revenir au Jardin d’Éden ou bien ma future descendance ne survivrait pas, quel que soit le nombre d’enfants que je désirais avoir. Dieu dut donc se rendre à l’évidence que c’était fichu pour moi. Il décida donc de créer cette deuxième femme à Adam, Ève. La pimbêche soumise qui fut responsable de tous les maux. Mais ça, j’en parlerai après ! Je ne vais pas lui donner trop d’importance à cette nana. Pour quoi faire ? Elle ne le mérite pas.

Je fus donc condamnée à errer dans le désert. Des jours et des jours… Je ne sais combien de temps je suis restée là, pensant que Dieu allait obtenir ce qu’il désirait : ma mort. Et pourtant, j’ignorais tout ce qu’il se passait au-dessus de ma tête, au Paradis. Il paraît que ce n’était pas la joie et que mon sauveur allait quitter le Paradis. Lucifer, bien entendu. Je fis sa rencontre, un beau jour, alors que je me trouvais dans le désert, assoiffée et épuisée. D’ailleurs, il semblait bien s’ennuyer seul, entouré d’ange et c’est pour cela que j’en profitai. Il ne me fallut guère longtemps pour arriver dans son lit. Une nuit, deux nuits, plein de nuits ! Je devins officiellement le coup de Lucifer. C’était quelque chose qui me plaisait bien, car ce dernier semblait vouloir s’opposer au Paradis et moi aussi, j’avais un petit compte à régler.

C’est moi qui vins lui souffler à l’oreille une petite idée pour m’occuper d’Ève. Vous savez, le Serpent ? C’est mon idée ! Il arriva à tenter Ève de croquer la pomme et c’est pour cela que l’humanité est vouée à souffrir. J’en suis la responsable et j’en suis fière. Je devins donc officiellement le premier démon de souche humaine et également la femme la plus proche de Lucifer. Je fis donc partie de son équipe de choc face aux armées célestes. Mais, il fallait bien avouer que l’Enfer, c’est parfois rasant. Si… Il y a bien quelques âmes à torturer. Je me suis perfectionnée dans cet art car il parait que ça doit figurer sur le CV du parfait petit démon. Mais bon, il faut bien avouer que je n’en suis pas très fan… Ce n’est pas assez classe pour moi… J’ai donc décidé d’aller voir ailleurs.

C’est donc au XVIIème siècle que je décidai de faire un petit tour sur Terre. Pas n’importe où, d’ailleurs… Là où l’or et l’élégance sont de mises ! Versailles, sous le règne de Louis XIV, le Roi Soleil. Une époque que j’adorais ! Oh oui ! Un Roi qui se considérait comme l’envoyé de Dieu, qui régnait avec ce que Dieu lui ordonnait. J’ai aimé venir corrompre tout ce joli petit monde ! Versailles était un endroit splendide. J’aimais écouter les commérages, participer aux rumeurs ou encore inciter les nobles à la débauche. J’aimais venir souffler aux oreilles des nobles pour qu’ils accomplissent des actes qu’ils jugeaient honteux, leur promettant récompenses et reconnaissances de Dieu à la fin. Alors que bon, Dieu, il n’en avait strictement rien à faire de ces gens ! Le sexe était un bon parti pris également à cette époque ! Deux personnes du même sexe dans un lit, c’était pire qu’un meurtre ! Alors, je m’en suis bien amusée. Mais… comme toutes choses, on se lasse plutôt vite, d’autant plus que la noblesse s’est très vite désagrégée ! J’ai donc vogué, d’époque en époque, ici et là. Mais, il faut bien avouer que c’est l’époque actuelle qui me plait le plus.

Le XXIème siècle… Qui l’eut cru ? L’Humanité s’entretue depuis tant d’années et ils sont encore debout ! Tant mieux, d’ailleurs. Une époque de débauche, d’excès, de libération… Bref, le véritable Enfer sur Terre ! D’ailleurs, je suis déçue que Lucifer ne souhaite pas sortir davantage de son chez lui. Il verrait beaucoup de choses fortes intéressantes ! La Terre, c’est le pied ! J’ai donc continué à faire diverses rencontres. Tout d’abord, au vingtième… juste après la guerre mondiale. Le monde était encore en train de s’entredéchirer, mais j’ai pu remarquer que les mentalités avaient évolué depuis les siècles passés, ce qui m’intéressait beaucoup. J’ai profité de la crise pour fonder mon entreprise qui a fonctionné du tonnerre. Les gens avaient besoin de divertissement et le mannequinat en était un bon ! Je me chargeais de trouver les plus belles filles et de les transformer en poupées dociles pour les plus offrants, me faisant de l’argent sans user de mes pouvoirs ! C’était tellement excitant ! La mode était vraiment un business fructueux. J’ai voyagé dans le monde, découvrant différentes cultures de la mode, me les appropriant du mieux que je pouvais. Je me suis rendue compte que j’avais le talent pour ça… J’arrivais à avoir tout le monde dans mes griffes. Je semblais avoir décoté le bon filon. Et puis, les années sont passées et nous sommes arrivés dans les années actuelles… Mon entreprise est connue dans le monde de la mode. On s’arrache mes mannequins et j’adore jouer à ce jeu d’argent. Il est tellement facile d’arriver au sommet lorsque l’on s’en donne les moyens ! Cependant, divers évènements sont venus perturber cette petite vie tranquille. L’Apocalypse ? Sérieusement ? C’est quoi l’utilité d’une telle chose à part ruiner mon bonheur d’être ici ? C’est totalement impensable ! Je ne veux pas qu’une telle chose vienne ruiner mon business et mon bonheur d’être ici ! Je suis donc prête à tout pour empêcher le chaos déferler sur Terre. Pour mon bien, n’allez pas croire que je suis une héroïne.

L’Apocalypse c’est pour demain, parait-il… Quelle bonne blague ! Et dire que cette époque était ma préférée. Mais il faut toujours quelque chose pour venir nous ennuyer… Il n’y avait pas ce genre de problème à l’époque du Roi Soleil… Oh non. A cette époque, à Versailles, on partageait des problèmes moins dramatiques et je préférais largement ça ! Et puis, j’appréciais tellement corrompre les personnes qui habitaient cet endroit. Vous savez… Obliger un prête à faire quelque chose contre nature, comme coucher avec une noble, c’est divin ! D’ailleurs, Louis XIV avait châtié ce prête de la meilleure manière qu’il soit si mes souvenirs sont bons ! Un bon coup de ciseau et ensuite, il fut tué. Enfin, je crois qu’il s’agissait de ce prête… Ou d’un roturier qui avait couché avec une noble ? Je ne sais plus ! J’en ai tellement fait ! Mais bon, c’est pour vous montrer que l’on avait d’autres soucis, à l’époque. Bon, il y avait bien les guerres aussi, le pouvoir… Mais ça, ce sont des choses qui sont communes à toutes les époques. L’homme a toujours voulu dominer. Après tout, ils sont les descendants d’Adam, pas vrai ? Ils se ressemblent beaucoup sur ce point ! Lui aussi a voulu me contrôler, me dominer, mais malheureusement pour lui, j’ai opposé une résistance farouche, contrairement à cette pimbêche d’Eve. Et puis, la religion était également une constante à l’époque. Beaucoup de monde vénérait le Grand Trou du Cul et Ses Divines paroles. Tu parles. Aujourd’hui, il est un peu moins apprécié et on se demande pourquoi. C’est quand même bien mieux de vivre de débauche que devoir être pieux !

« Madame ? » Retentit une voix féminine, me sortant de mes pensées. Je travaillais sur un défilé avec quelques filles. L’une était sur le podium et semblait désirer mon avis. Sauf que, malheureusement pour elle, je n’avais rien vu de son passage, trop occupée par mes pensées. « C’était… Bien ?... » Demanda-t-elle en détournant le regard lorsque je levai les yeux, comme si elle avait peur de moi. Enfin, non ! Pas comme… Car, elle avait peur de moi. Elles avaient peur de moi car elles savaient que j’étais une patronne exigeante et difficile. Alors, pourquoi restaient-elles ici, me diriez-vous ? Parce que ça payait bien. Certainement le meilleur salaire de mannequin qu’elles pouvaient rêver et en plus, ma boîte était prestigieuse. Je soignais la forme, à chaque fois, même si au fond, elles n’étaient rien d’autre que du joli bétail à embellir, à exhiber.

Je soupirai en me levant de mon fauteuil, grimpant les marches pour m’approcher d’elle, tournant autour sans rien dire. Je vins me remettre face à elle avant de la gifler. « Je devrais te reléguer au nettoyage ou alors… Hum… Attends. J’ai quelques connaissances dans les bas quartiers de Londres qui seraient ravis de faire quelque chose de toi si tu ne fais pas un peu d’effort en me regardant lorsque tu t’adresses à moi et à faire un plus joli sourire. » Dis-je en venant caresser doucement sa joue, contrastant avec la gifle que je venais de lui donner. Je venais tout simplement de la menacer de l’envoyer dans un réseau de prostitution si elle ne se bougeait pas un peu les fesses pour me plaire. Je n’aimais pas beaucoup les employées incompétentes.

« Oui madame ! Désolée madame ! » Dit-elle en se forçant à me regarder et je vis lui faire un petit sourire.
« Bien, ma chérie. Alors, fais un effort et évite de me mettre de mauvaise humeur. Ce n’est pas le moment. » Elle acquiesça d’un geste et tourna les talons pour aller se préparer à nouveau, voulant à tout prix être dans mes bonnes grâces. Pour son bien. Car elle savait que je ne plaisantais pas.